Quand,
comment, pourquoi et où y a-t-il de l'art aujourd'hui? Face à un art qui se joue
des "fashion victims" en plaçant le kitsch, le
détournement, le simulacre, la transgression, le clonage,
le fiasco, voire l'imposture, au sommet de la contre-culture,
la question qui se pose actuellement n'est plus "quelles
sont les limites de l'art ?" mais "quand, comment, pourquoi
et où y a-t-il de l'art aujourd'hui ?" Car à force d'exclure tout ce qui de l'artiste du passé faisait sa raison d'être, son talent, son savoir-faire, sa valeur mithique, son charisme..., l'art s'est mis au diapason d'une société qui tend à tout niveler dans des réseaux de communication où triomphe désormais le célèbre quart d'heure warholien de la gloire pour tous L'état du "grand art" est alors l'objet d'un débat au sein d'une culture qui s'est standardisée dans l'industrialisation et la mondialisation; c'est à cette structure façonnée par l'Internet que nous devons sa démocratisation et l'apparition de nouveaux espaces conviviaux; c'est là qu'intervient entre réalité du fonctionnement social et fantasme d'une communauté interactive, l'artiste de cette fin de siècle. Les contours sociaux de l'art sont devenus l'art lui-même! A la suite de Warhol qui a eu le génie de contaminer l'art en assimilant ses oeuvres aux produits de grande consommation ou de Guy Debord qui pensait qu'une certaine vie aventureuse valait mieux que toute forme d'art ou encore de Filliou pour qui "l'art c'est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art", l'esthétique tend de plus en plus à se positionner comme éthique dans une relation au champ social qui induit les éléments de sa propre définition. Qui s'étonnera alors qu'à force de suivre l'art dans ses connexions avec notre société (la mode, le design, l'architecture, l'informatique, la communication... mais aussi les jardins, le sport, la fête...), il devienne plus intéressant de s'en tenir à ce qu'est cette société et à ce qu'elle engendre. Dans cette optique nouvelle, nous expérimenterions l'impact d'une réflexion rattachée à ce que nous attendons de l'art mais que nous ne retrouvons qu'édulcorée dans les recyclages et adaptations diverses opérés dans les lieux spécifiques à l'art ? Par ce repérage systématique des faits de société, le monde serait enfin considéré pour ce qu'il est, avec une prise de conscience qui, loin d'être pessimiste, conduirait plutôt à une mobilisation pour de justes causes et à une lucidité que viendrait mettre en relief un art libéré de l'idée de l'art. Et faire de l'art qui serait libéré de l'idée de l'art ce serait évidemment tout un Art! GMV, 1998
(un manifeste pour "Le tas d'esprits" de Ben, 2006)
GMV Agent d'art, Expert-conseil |
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